Flowers

A l'actu - COVID-19 et confinement : des espaces verts indispensables

Pendant le confinement, la Belgique a fait le choix, contrairement à la France, d’autoriser les activités sportives et les promenades en plein air. Cette mesure permet sans nul doute de limiter les inégalités dans la qualité des logements. Gérer le stress et l’incertitude liés à ce confinement n’est pas aussi facile selon que l’on est confiné dans une villa entourée de jardins ou dans un deux-pièces sans balcon avec vue imprenable sur du béton. Le coronavirus semble avoir mis à l’avant-plan la valeur des espaces verts pour les Bruxellois.es.

Un besoin vital d’espaces verts pour la santé mentale et physique

Le confinement des Bruxellois.es met en exergue leur besoin de contact avec la nature et d’accès à des espaces verts, a fortiori dans les quartiers densément bâtis. Or, ce sont évidemment dans ces quartiers que les espaces verts - ou simplement la verdure - manquent le plus, comme l’avait déjà révélé la carte des carences en espaces verts publiée par Bruxelles Environnement. En comparant cette carte à celle des revenus des Bruxellois, on constate que ce sont souvent les habitants les plus pauvres, vivant dans de petits logements de mauvaise qualité, qui disposent le moins d’espaces verts de proximité.

L’objectif du Plan Nature de mettre à disposition de chaque Bruxellois « un espace vert accessible et accueillant de plus de 1 hectare à moins de 400 mètres de son habitation et de moins de 1 hectare à moins de 200 mètres » prend un tout nouveau caractère dans ce contexte inédit.

L’effet des espaces verts sur le bien-être, la santé mentale et la santé phyique est déjà bien connu. Un rapport de l’OMS consacré à ce sujet rappelle qu’« il y a un effet protecteur bien connu des interactions sociales sur la santé et le bien-être, tandis que l’isolement social est un prédicteur avéré de morbidité et de mortalité. ». Et d’insister sur le rôle des espaces verts dans l’inclusion sociale, plusieurs études à l’appui. L’accès aux espaces verts est aussi associé à une augmentation de l’activité physique qui permet de réduire le risque d’obésité. Enfin, l’exposition aux espaces verts semble avoir un effet bénéfique sur notre immunité.

L’affluence observée pendant ce confinement dans les squares, les parcs et autres espaces verts n’a donc rien d’étonnant, et apparaît comme une saine réaction. La promenade et le sport sont devenus les seuls prétextes permettant à beaucoup de Bruxellois de sortir de leur enfermement. Malheureusement l’affluence est telle qu’elle met à mal les mesures sanitaires et que les rappels à l’ordre se sont multipliés, la tentation étant grande de s'assoir pour profiter des bienfaits du soleil et de la verdure en ce début de printemps ensoleillé.

Cette mesure permet sans nul doute de limiter les inégalités dans la qualité des logements. Gérer le stress et l’incertitude liés à ce confinement n’est en effet pas aussi facile selon que l’on est confiné dans une villa entourée de jardins ou dans un deux-pièces sans balcon avec vue imprenable sur du béton.

Différentes approches

Toutes les aires de jeu de la capitale sont fermées. Des rubalises encerclent les plaines de jeux pour enfants, les terrains de sport et les équipements sportifs. Certaines communes, comme Etterbeek, Saint-Josse et Koekelberg ont fait le choix de fermer tous leurs espaces verts, la police ne pouvant assurer une surveillance suffisante, avec pour effet de concentrer les promeneurs dans les rares parcs ouverts, comme le parc Elisabeth et le Cinquantenaire.

Mais, face à ces fermetures d’espaces verts, des voix s’élèvent. A Anderlecht, la réouverture du parc de La Rosée, est demandée par un conseiller communal, argumentant qu’«à Cureghem, le seul parc est donc fermé, avec une population souvent précaire qui n’a pas le luxe d’avoir un jardin.” Des riverains de la Porte d’Anderlecht proposent même que les voitures soient retirées de la berme centrale de la petite ceinture cet été, afin de l’aménager en un jardin de quartier.

Le Bois de La Cambre reste fermé aux voitures pour laisser plus d’espace aux piétons et cyclistes, en cette période où le trafic automobile est réduit. Le site gardens.brussels, largement diffusé dans la presse, encourage les promeneurs à se disperser dans les différents espaces verts de leur quartier. Malgré cela, Bruxelles Environnement envisage de réguler l’accès à certains parcs où l’affluence est la plus préoccupante, comme cela se fait dans les supermarchés. Au parc de Forest, seules les pelouses sont fermées au public, laissant les sentiers accessibles pour les activités de plein air, tout en évitant les pic-nics et autres rassemblements interdits, explique le bourgmestre au JT de la RTBF. Le journaliste ne manque pas de faire remarquer qu’elles sont par contre ouvertes dans le parc Duden, situé juste à côté mais géré par Bruxelles Environnement et non par la commune.

Ce fameux virus illustre une fois de plus la diversité des acteurs et des pratiques de gestion des espaces verts en Région de Bruxelles-Capitale. Il met en exergue la nécessité de développer de nouveaux espaces verts sur le territoire régional, à travers une stratégie « Nature » concertée avec tous les parties prenantes, pour garantir les enjeux de santé publique. A l’heure où le déconfinement a commencé et où la relance post COVID-19 se prépare, il est plus que jamais indispensable de renforcer les moyens alloués aux actions et acteurs du Plan Nature, et, davantage, de bâtir une stratégie urbaine ambitieuse basée sur l’intégration transversale de la Nature en Région de Bruxelles-Capitale dans le cadre du prochain Plan. Ce n’est qu’à cette condition que la qualité de vie des Bruxellois.es et la fonctionnalité des espaces verts pourront être garanties !